Histoire de la ville :

1- A travers les différentes civilisations :

Pour sa position géographique privilégiée, les anciens, en commençant par les Romains, l'ont choisi pour en faire une citadelle. Il convient de remarquer ici que CARTHAGE (Kart Hadasht) la ville fondée par les Phéniciens en 814 avant J.C.est à quelques trois kilomètres de là, cette petite montagne n'a cessé de jouer le rôle de forteresse ou de ribat depuis cette époque très lointaine jusqu'au XIIe siècle. Elle assurait la sécurité, la surveillance et la défense de Carthage la phénicienne au VIIe siècle av. J.C., puis longtemps après, de Tunis depuis le début de la conquête Arabe jusqu'au XIIe siècle, correspondant à peu près à l'installation des Hafsides en Tunisie. Cette colline s'appelait " le Phare de Carthage " puis après la conquête arabe, on l'appela " Djebel el Marsa " puis " Djebel el Manar " et depuis la fin du siècle dernier cette dernière nomination fut remplacée officiellement par " Sidi Bou Said " lors de la création d'une commune en ces lieux en 1893. Le village doit donc son nom à un marabout appelé Abou Said.

Qui est Abou Said ?

Ce personnage qui a laissé son nom à ce village de grande renommée s'appelait Abou Said Khalaf Ibn Yahia Al Temimi Al Béji (1156-1231) né à Béja l'ancienne, petit hameau des environs de Tunis, près de la Manouba, aujourd'hui disparu.  Au début de sa vie, il habite Tunis où, après des études primaires, il suivit les leçons des maîtres renommés de la grande mosquée de la Zitouna. C'était l'époque où le soufisme qui s'était manifesté au Proche-Orient gagna l'Afrique du nord, jusqu'à s'implanter dans le Maghreb. Un grand soufi, Abou Madian, vécut longtemps à Tunis, entouré d'adeptes. Parmi  ces derniers était Abou Said. Lorsqu'il s'installa sur le promontoire, ce fut pour des raisons religieuses et guerrières. il joignit les soldats qui surveillaient le Littoral et défendaient l'Islam contre les entreprises des infidèles. En plus, Abou Said s'adonnait à la méditation et aux exercices spirituels. Son tour de garde terminé, il se livrait à la prière et il dispensait des cours à ses nombreux élèves dont  Abou Al Hassan Al Chaduli (Sidi Belhassen) et organisait des réunions avec des débats théologiques.

Pendant longtemps, le promontoire du Djebel El Manar demeurait vide d'hommes. Cependant, Abou Said lui a conféré une place de choix aux yeux de la communauté croyante. Après la disparition de Abou Said, la colline continua à exercer un attrait sur tous ceux ayant des prédispositions pour une retraite pieuse et à la recherche de la méditation. D'ou de nombreux ascètes y ont trouvé refuge tels que Sidi Dhrif, Sidi Bou Fares, Sidi Chabâane, etc. 

Ce n'est qu'au début du XVIIIe siècle que Hussein Bey fit construire un édifice mosquée-zaouia englobant le tombeau d'Abou Said. 

Mahmoud Bey (1814-1824) y édifia une demeure à proximité de la mosquée-zaouia (devenue plus tard Dar Thameur). Depuis, plusieurs familles particulièrement les'' beldis'' de la Médina de Tunis construisirent des maisons sur la colline et dans l'environnement du mausolée de Sidi Bou Said pour y passer l'été. La colline devint alors un lieu de villégiature, on y vient passer ses vacances d'été, profiter de la douceur du climat, se laisser vivre et se distraire dans une atmosphère de ferveur religieuse. Des cérémonies maraboutiques étaient organisées dont la plus importante est la Kharja.

Au début du XXème siècle, Sidi Bou Said devient le lieu préféré des artistes et hommes de culture qui furent séduits par le village et son atmosphère. Artistes et intellectuels, ensuite, écrivains, architectes, plasticiens, cinéastes etc. y élisent domicile. 
Une éminente personnalité s'est fortement liée à la destinée du village. Il s'agit du Baron Rodolphe d'Erlanger, banquier britannique d'origine allemande. Ce féru de musique, plein de bon goût et peintre, est venu pour la première fois au village au début du siècle. Saisi par la beauté du site, il résolut d'y élire domicile. Et c'est alors qu'il fit construire son palais qu'il nomma " Nejma Ezzahra " d'une architecture essentiellement orientaliste.

En sa qualité d'éminent musicologue, il est l'auteur d'un traité sur la musique arabe. Il était à l'origine du décret beylical du 6 août 1915 sauvegardant le village et c'est lui qui poussa à instaurer le blanc et le bleu de Sidi Bou Said.